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" A la fin des années 60 j'ai rejoint la chorale
des petits chanteurs d'Asnières. Il n'y avait que des garçons sopranos ou altos et des
adultes ténors et basses. La particularité de cette formation était d'être
accompagnée par une guitare électrique, une basse, une batterie et un
orgue électrique.
Chaque semaine nous avions une répétition par
petits groupes le mercredi après midi (ou était ce encore le jeudi ?) et une répétition
avec la chorale au complet le samedi. Certains week-end, nous nous rendions
avec le car de la manécanterie en province chanter dans une salle des fêtes
le samedi soir et à l'église pour la messe le lendemain. Nous étions
logés et nourris dans les familles qui voulaient bien nous accueillir.
Nous avons
continué à fonctionner sur le même mode au temps des Poppys, alors que
nous vendions 5 millions d'albums et que certains gagnaient beaucoup
d'argent...
L'été il nous arrivait de partir en tournée, en
France ou à l'étranger.
La chorale organisait également des activités de type centre aéré (cinéma,
visite des catacombes, parc d'attraction... et des colonies de vacances:
à la Giettaz en Haute Savoie, à Miermaigne à la campagne, ou au Château
de Nazelles en Touraine propriété de la ville d'Asnières). Nos parents
participaient financièrement à tout cela.
La chorale était en théorie une association de loi
1901.
Notre particularité, être accompagnés d'instruments électriques, intéressa
rapidement les maisons de disques qui nous utilisèrent régulièrement
pour faire les choeurs sur les disques de Nana Mouscouri, Sacha Distel,
etc...
C'est ainsi qu'un jour Jackie Herrenschmidt et François
Bernheim sont arrivés à la chorale un mercredi après midi et ont choisis parmi la
cinquantaine d'enfants, 17 Poppys. Répétitions, enregistrement du 45
tours Noël 70, première télé en extérieur à côté de la piscine d'Asnières
pour le journal régional (du play back) et premiers émois quand on a entendu nos
voix à la radio pour la première fois, un beau cadeau de noël...
Jackie Herrenschmidt nous a donné quelques bases de
chorégraphie dans les sous sols des bureaux Barclays qui à l'époque se
trouvaient avenue de la Grande Armée à Neuilly. Ce jour là nous avons
croisé Esther Galil et Pierre Vassilliu, les premières vedettes que nous
côtoyons.
On nous a vêtu de pantalons de velours et de chemises
New Man avec des chaussures Hush Puppies.
Après une première pochette de disque dessinée, pour
la seconde nous avons été photographiés dans un terrain vague derrière notre lycée à
Asnières. Puis par un bel après midi ensoleillé, fond blanc, fond noir,
esplanade des Invalides à Paris, nos producteurs nous ont gâté. Alain Marouani nous a immortalisé sous notre meilleur jour (pochette du 33
tours
et du 45 tours "Isabelle je t'aime").
Je me souviens de deux émissions de radio, toutes les
deux en public. La première à Europe, 1 rue François 1er, en milieu de
journée dans un studio exiguë et la seconde à RTL, rue Bayard, l'après
midi avec Mireille Mathieu que nous devions accompagner dans sa tournée dans le sud de la
France.
Mes souvenirs de télévision: Midi Première² de Danièle
Gilbert avec ce jour là Thierry Le Luron qui imitait Jacques Chaban
Delmas. Pour notre première prestation en direct, elle sut trouver les
mots qui rassurent.
Nous avons subi, deux semaines de suite, le présentateur
le plus antipathique de l'ORTF, Guy Lux pour son émission "Cadet Roussel"
(ou un nom équivalent). Il insultait ses collaborateurs en permanence et
terminait les répétitions de l'après midi par; "vous êtes tous
des ..., ce soir l'émission n'aura pas lieu". La première fois nous
avons pris cela pour argent comptant. Mais très vite les caméramans nous ont rassuré, en nous
expliquant que c'était ainsi chaque semaine. Ce jour là nous avons perdu
face à Michel Sardou qui faisait ses débuts à la télé. Il était
arrivé à la répétition avec trois dalmatiens et Guy Lux très obséquieux
lui avait fait moult courbettes. Le principe de l'émission était
de mettre en concurrence quatre chanteurs et de faire voter le public à l'aide
d'un applaudimètre. Ce soir là, il avait été décidé que le vainqueur
serait Michel Sardou. Mais le
public par ses applaudissements nous avait choisi. Le public fit un tel scandale, que nous fûmes invités à revenir gagner en deuxième semaine
(peut-être face à Nicoleta).
Pour nous ces studios de télévision étaient l'équivalent
d'un espace de jeux et de découvertes. Nous étions sur le dos des techniciens pour les
regarder travailler et leur poser des questions. Nous furetions dans les coulisses. A 17 je te laisse imaginer le spectacle.
Une émission de variété pour les jeunes en direct du
restaurant de la Tour Eiffel, avec Carlos et les Martins Circus. Ce jour là nous avons
compris que les magiciens avaient un truc pour faire disparaître les
jolies femmes d'une malle.
Mon meilleur souvenir de télévision, les Buttes
Chaumont, Musicorama présenté par Denise Glaser. Son émission se différenciait de toute les
autres, par le calme qui régnait sur le plateau, par le blanc omniprésent
qui rendait tous les participants techniciens et chanteurs zen, un pur
moment de bonheur.
Les Buttes Chaumont encore avec les Frères Jacques.
Un jour pour une interview au journal "Salut les Copains", notre
réponse à la question quels sont vos chanteurs favoris fut: Jimmy Hendrix, les
Rolling Stones, Robert Charlebois, les Whos..., le journaliste s'attendait
à Johnny Hallyday, Sardou.
Nous avons tourné dans un film, au printemps 1971,
dans la forêt de Fontainebleau près de Barbizon. Le cinéaste s'appelait
Jean Luc Godard, le film avait pour titre "nous irons tous à
Valparaiso". C'était la grande période révolutionnaire de ce cinéaste.
Dans cette scène nous jouions des élèves accompagné de leur professeur
(une femme blonde, aux cheveux coupés court). Nous marchions dans la forêt
au bord d'une route, une Rolls Royce, un vieux modèle de couleur noire
nous dépasse et s'arrête. Le conducteur, Alain Cuny, nous propose de
monter et de nous emmener. Dans cette voiture
nous chantons, notre professeur parle avec Alain Cuny. Celui-ci s'arrête
tout à coup, fait dont de son véhicule et part en courant à travers la
forêt. Là débute sa quête pour un monde meilleur, pour Valparaiso.
Mes souvenirs de cette période se terminent par notre
tournée avec Mireille Mathieu. Avec nous en première partie, il y avait un bruiteur et
Gérard Majax. Un homme formidable que nous importunions tous les soirs.
Après chaque concert nous lui demandions de nous refaire ses tours de
passe-passe. Nous faisions cercle autour de lui et malgré cela nous n'avons
jamais compris comment ses pièces de cinq franc apparaissaient et
disparaissaient. Sur scène il demandait à quelques personnes du public
de le rejoindre puis il leur subtilisait montre, chemise, ceinture,
etc....
A l'époque j'étais lycéen, Poppys et je distribuais
le soir de la publicité dans les boites aux lettres de Paris et des Hauts
de Seine pour avoir un minimum d'argent de poche. Nous devions acheter les
disques que nous souhaitions offrir à nos proches. Je regrette que les
adultes qui ont profité de nous à la manécanterie et chez Barclays, n'aient
pas songé respecter, dans tous les sens du terme, les enfants sans défense
que nous
étions à l'époque."
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